Steenvoorde son Carnaval d'été international ses Géants portés - Notre patrimoine nos traditions populaires
Voilà cinquante ans que de Jan de schoenmaker avait écarté du bourg de STEINFORT la lourde menace qu'entraînait l'invasion normande. Depuis ce jour, les habitants vivaient heureux, et priaient sans relâche le bon Saint-Pierre, patron de la ville, pour le remercier de les avoir dotés d'un cordonnier débordant de courage et de simplicité.
L'atmosphère qui régnait dans le village était calme et sereine. STEINFORT connaissait là son âge d'or. Les récoltes étaient abondantes et le seigneur de la bourgade exerçait ses fonctions avec sagesse et loyauté. Il se prénommait MODRED le JUSTE, descendant en ligne directe de THIBAUT le HARDI, et vivait paisiblement en compagnie de sa femme et sa fille GUENIEVRE, rayonnante de beauté.
Celle-ci était élancée. Son teint resplendissant mettait en valeur la grâce de son visage. Ses cheveux, blonds comme les blés mûrs, lui tombaient jusqu'aux hanches à la manière d'une fine plus d'or.
Hélas, tant de beauté ne parvenait pas à dissimuler un malin défaut. Et comme le fruit tâché n'attire plus la main gourmande, GUENIEVRE se trouvait seule, dépourvue de galante compagnie. Elle était immensément capricieuse, et ses parents satisfaisaient du mieux qu'ils pouvaient, chacun de ses caprices car elle seule pouvait perpétuer la lignée de sieurs de STEINFORT.
Gambrinus le Grand 1982
Or, par un beau jour d'été, elle se leva en même temps que le soleil, alla quérir son père et lui dit d'un ton qui relevait à la fois de la prière et de l'ordre:
« Père, je veux qu'à la Saint-Léger, je sois mariée, non pas avec sieur GOBLIN, grand chancelier de la Châtellenie de CASSEL, comme vous l'entendez, mais avec un chevalier qui parviendra, après avoir bu mon poids en bière, à soulever d'une main la brillante monture sur laquelle je siégerai ».
A ces mots, MODRED le JUSTE ne put répondre que par un signe de tête, tant ce caprice dépassait de beaucoup tout ce qu'il avait pu imaginer. Ainsi il envoya des messages de château en château pour clamer la nouvelle.
Il se trouva par un hasard comme seul le destin peut en réserver, qu'un groupe de Seigneurs séjournait à quelques lieues de STEINFORT, chez le seigneur de WATOU. Celui-ci faisait apprécier la bonne bière dont ils étaient friands. Dès que le messager de MODRED eut proclamé sa dépêche au seigneur et à ses hôtes, ceux-ci prirent au plus vite congé du maître des lieux, et partirent en toute hâte vers STEINFORT, avec dans la tête la perspective heureuse de ce mariage. Parmi ces chevaliers, il y avait un qui pouvait remplir les conditions posées par GUENIEVRE. Il représentait à lui seul, le profil nécessaire à la réalisation de cet exploit.
Il était bâti comme un chêne. Les muscles saillants de ses membres avaient la circonférence d'une barrique de bière. Ses épaules, larges de six pieds trois pouces, supportaient une tête dont les traits pourtant rudes, inspiraient la sympathie. Des cheveux bruns noirs entouraient une face rubiconde au milieu de laquelle surgissait un nez recourbé à la point, comme les vrilles d'un pied de houblon courant le long de son fil. Ses yeux marrons pétillaient de courage et une moustache également en vrille, agrémentait un visage respirant la bonhomie. Ce rude gaillard s'appelait JEAN PRIMUS, Duc de BRABANT, surnommé plus couramment '' GAMBRINUS ''.
Quand ils eurent en vue le clocher de l'église le jour commençait à décliner et leur premier souci fut de trouver un gîte pour la nuit. L'auberge située à la sortie de STEINFORT, le long du chemin menant au KASSEL BERG leur parue hospitalière et ils s'y installèrent. Au cour de la nuit, l'aubergiste manqua de bière, tant la soif de ces chevaliers étaient difficile à étancher.
GAMBRINUS totalisait autour de lui, le plus grand nombre de tonneaux et fut réveillé le lendemain par AYMAN, ancien pirate devenu brasseur qui venait les rechercher. Une fois que la cloche eut tinté dix fois, les prétendants vinrent se présenter devant les portes du château.
De là, ils furent introduits dans une grande salle. Quelques instants plus tard, MODRED le JUSTE, sa femme et sa fille vinrent siéger parmi ceux-ci. Il les invita à une partie de chasse à courre au bois de BEAUVOORDE et à un festin ou le gibier abattu serait mangé et arrosé d'un flot de bière.
GAMBRINUS brilla particulièrement durant l'après-midi en tuant nombre de cerfs et de sangliers. En effet, il démontra avec brio le maniement de l'arc et de la flèche, ainsi que celui de la fronde.
Au beau milieu d'un fourré, les rabatteurs débusquèrent un énorme sanglier fou de rage. Tous les courtisans reculèrent, sauf GAMBRINUS.
A l'aide de sa fronde, il envoya une pierre avec une telle force et une telle habilité, que le gibier tomba net, le crâne fendu. Cet événement fit grand bruit et consacra le courage du chevalier pourvu néanmoins d'une grande sensibilité, comme le démontra la suite.
Il était aux aguets et s'apprêtait, quand une biche sortit d'un buisson. Aussitôt GAMBRINUS demanda que personne ne la vise et tira en l'air afin de l'effrayer et de la laisser s'enfuir. Ce geste délicat fit grandement plaisir à GUENIEVRE et elle le remercia en lui adressant un sourire prometteur que personne n'avait encore vu dessiner sur ses lèvres auparavant.
Le lendemain, la journée fut consacrée au repos et à la préparation des festivités. L'aurore pointa très tôt à l'horizon et les rues de la ville s'animèrent de bon matin.
La Saint Léger s'annonçait particulièrement belle. Les premiers rayons de soleil firent flamboyer les oriflammes frappées aux armoiries des Flandres. Elles ornaient la place tout entière ou des marchands très astucieux étalaient leurs étoffes et marchandises sachant que le monde affluerait pour cette journée exceptionnelle. Du balcon des maisons de STEINFORT, on devinait au loin les formes ondulées des hauts cimiers coiffant majestueusement les concurrents.
Ils affluaient de toutes les directions, suivis de leurs écuyers et de leurs amis. Le Sieur de WATOU fut le premier à arriver et la cour du châteaux se colora très vite de tous les blasons et équipages des seigneurs. L'arrivée la plus remarquée fut celle du grand Chancelier de CASSEL qui fut annoncé par sonneries de trompettes triomphales. Il était précédé d'un nombre considérable de chevaliers dont les armures étincelantes soulignaient la prestance.
Le cadran solaire marquait onze heures trente quand on vit apparaître, au fond de la cour, bon dernier, notre GAMBRINUS, sobrement vêtu. Il vint s'aligner aux côtés de ses rivaux, sous les ricanements de Sieur GOBLIN.
MODRED le JUSTE leur souhaita la bienvenue et précisa clairement les règles du concours.
Après qu'il eut tapé deux fois dans ses mains, on vit arriver du fond de la cour une longue file de pages apportant bocks et tonneaux, afin que le concours puisse commencer. Il fut dit qu'il fallait adsorber 55 pintes pour passer avec succès la deuxième épreuve. Au début, les chopes se vidèrent rapidement et personne ne se distinguait particulièrement. Mais fur et à mesure que le soleil s'élevait dans le ciel et que le niveau de la bière baissait dans les tonneaux, le nombre des candidats diminuait. Certains abandonnaient piquant de la tête dans leur barrique tant ils étaient saouls.
Seul Sieur GOBLIN, le Sieur de WATOU et le DUC de BRABANT virent le fond du tonneau après une bonne heure de dur labeur. Sans perdre de temps, un écuyer amena le cheval de GUENIEVRE empanaché de plumes blanches. Le silence se fit parmi la foule quand la princesse s'asseya sur sa monture. Sieur GOBLIN, vu son rang, eut droit de préséance et s'avança le premier pour mettre sa force à l'épreuve.
Après un moment de réflexion, il poussa un grand cri et souleva brusquement l'animal. Les spectateurs acclamèrent le chevalier qui se croyait déjà vainqueur. Il passa devant la tribune d'honneur ou MODRED le JUSTE le félicita. Puis il alla narguer les deux autres prétendants, les toisant comme s'il choisissait une bête pour son troupeau. Vint le tour du Sieur de WATOU qui s'avança péniblement en titubant. Avant d'accomplir son exploit, il voulut saluer la princesse mais il piqua de la tête et perdit connaissance contre les sabots du cheval. Les écuyers lui jetèrent de l'eau pour le réveiller afin qu'il fasse place au dernier concurrent. Tout le monde donnait GOBLIN vainqueur car aucun ne pensait que GAMBRINUS puisse faire mieux. Arrivé prés de la monture, il ne fit aucun discours et, sans hésitation, à l'étonnement de tous, il souleva GUENIEVRE.
Cet exploit accompli, continuant à porter sa charge pour s'assurer la victoire, il se dirigea vers les tribunes ou se trouvait l'Abbé JEROME qui devait prononcer la bénédiction nuptiale. Celui-ci fut heureux du geste du héros et le bénit. Puis il le pria instamment de permettre à GUENIEVRE de remettre le pied sur terre, tant il avait peur. Tout le monde avait remarqué sa frayeur car toutes les fois qu'un concurrent se soumettait à l'épreuve, il se signait rapidement et fermait les yeux en murmurant des prières.
Ainsi la preuve de sa témérité était faite. MODRED proclama le mariage de sa fille sous les ovations des spectateurs. Sieur GOBLIN vexé, repartit aussi vite qu'il le put vers le KASSEL BERG.
On demanda à GAMBRINUS s'il se sentait capable d'aller jusqu'à l'église afin que l'on procède immédiatement à la cérémonie, car on avait peur que GUENIEVRE ne change d'avis une nouvelle fois. IL répondit par un vigoureux ''OUI'' de la tête et le cortège nuptial se forma.
L'abbé JEROME se félicitait de la fin heureuse du concours et voyait déjà tomber dans des plateaux les centaines de pièces d'or qu'il recevrait pendant la cérémonie. Elle fut brève, à la demande de l'heureux époux qui préférait les plaisirs de la bonne chair aux fastes dignes de son rang.
En sortant de l'église, GAMBRINUS prit GUENIEVRE dans ses bras et la porta, telle une plume, jusqu'au château.
A partir de cet instant, les festivités commencèrent et durèrent jusqu'à ce que les autres chevaliers eurent retrouvé leurs esprits et leurs forces après l'épreuve de la bière.
Photo: Daniel Decoune - Terre de Géants
Gambrinus le Mini-Géant 2015
Depuis ce jour, la ville de STEENVOORDE resta reconnaissante à la bière et l'on vit s'étendre à perte de vue des champs de Houblon dont les sillons réguliers se déroulent soigneusement au pied d'un haut feuillage rafraîchissant, aux fonds mystérieux, nous invitant au rêve.
Le Houblon devint une culture artisanale et les paysans apprirent à vivre joyeusement leur '' Vendange de la Bière''.
Quand le dieu GARGANTUA un jour de grande soif décida de semer du houblon sur notre terre féconde, il jeta un sort bénéfique à la région. C'est certainement à lui que les habitants des Flandres, peu gâtés par le climat, doivent ce tempérament jovial, à l'image de celui de GAMBRINUS, apparemment austère, mais réellement bon vivant et courageux.
C'est par le même hasard qui conduisit GAMBRINUS à STEENVOORDE que cette légende fut découverte au milieu de papiers jaunis par les ans.
Un groupe de jeunes, séduit par le récit de ces brillants exploits décida de faire revivre ce personnage reflétant si bien le profil du Nordiste, et d'en perpétuer le souvenir à chaque fête du houblon qui coincide justement avec la Saint-Léger.
Michel.M & Pascal.C - Août 1977
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